Par Paul JEANNETEAU, Député de Maine-et-Loire, Conseiller général et Maire de Champigné
http://www.pauljeanneteau.fr/
Le financement de nos retraites, avant d’être un problème politique
est avant tout un problème mathématique.
En effet, notre espérance de vie ne cesse d’augmenter - ce dont on ne
peut que se réjouir - et les jeunes arrivent de plus en plus tard sur
le marché du travail. En 1960, notre pays comptait 4 cotisants pour 1
retraité, il en compte aujourd’hui 1,8 et ce chiffre tombera, en 2020
à 1,5. Même si, dans les prochaines années, le chômage diminue
fortement et que la croissance est de nouveau au rendez-vous, notre
système est et restera fortement fragilisé et surtout largement
sous-financé. Dès la fin de cette année 2010, il faudra recourir à
l’emprunt pour payer les retraites.
Il nous faut donc trouver des solutions. Pour cela, nous pouvons agir
sur plusieurs paramètres.
Tout d’abord augmenter le niveau des cotisations sociales. C’est un
levier à utiliser avec précaution pour ne pas porter atteinte à la
compétitivité de nos entreprises et au pouvoir d’achat des salariés.
De plus, n’oublions pas que la France est l’un des pays au monde qui
connait les plus forts taux de prélèvements obligatoires.
D’autre part, nous pourrions baisser le niveau des retraites. Le
Président de la République s’y est, d’emblée, opposé, à juste titre
car qui peut affirmer que les pensions versées sont toutes d’un niveau
suffisant ? A l’évidence, c’est une solution qui ne peut être retenue.
Enfin, nous pouvons reculer l’âge légal du départ à la retraite qui
jusqu’en 1981, faut-il le rappeler, était fixé à 65 ans.
Ces trois propositions portent en elles-mêmes leurs propres limites.
Si nous voulons que la réforme des retraites, destinée à assurer leur
pérennité et à préserver notre système par répartition, rencontre
l’agrément d’une très grande majorité de français, il me semble
préférable d’allonger le nombre d’années de cotisation plutôt que de
se focaliser sur le recul de l’âge légal de départ à la retraite. En
effet, les personnes qui ont commencé à travailler à 16 ans et celles
qui sont entrées sur le marché du travail après de longues études
universitaires ne peuvent pas partir à la retraite au même âge.
Cette réforme sera acceptée si elle est équitable. C’est pourquoi elle
doit prendre en compte la pénibilité du travail, même s’il est
difficile de définir précisément des critères objectifs de pénibilité
pour certaines professions. D’autant plus qu’à la pénibilité physique
s’ajoute la pénibilité psychique à laquelle sont confrontés de plus en
plus de salariés. Mais la pénibilité liée à certains métiers ne doit
pas être une fatalité. C’est pourquoi il est essentiel de développer
la prévention qu’elle soit médicale, technique, ergonomique ou
psychologique.
Quant à l’emploi des seniors, il doit être vigoureusement encouragé.
Les mesures prises pour la sauvegarde des retraites ne pourront
sembler justes, si une personne licenciée à 50 ans rencontre d’énormes
difficultés pour trouver un nouvel emploi et donc continuer à cotiser.
Force est de constater que depuis plusieurs décennies, les problèmes
d’emplois, en particulier dans les grands groupes et les PME
importantes, se règlent par le départ des seniors qui sont alors
licenciés ou mis en préretraite. De ce point de vue, il est essentiel,
que les mentalités changent.
Enfin, par principe d’équité, il est nécessaire que la fonction
publique fasse, elle aussi, des efforts, en particulier en ce qui
concerne la durée de cotisation prise en compte pour le calcul du
montant des retraites. Mais attention aux idées reçues et parfois
simplistes : les distorsions entre public et privé ne sont pas aussi
importantes que certains veulent bien l’affirmer. Ainsi, il faut noter
que le salaire des fonctionnaires comprend un certain nombre de primes
qui ne sont pas prises en compte dans le calcul de la retraite.
Ne faudrait-il pas également réfléchir à des systèmes d’épargne
collective ou individuelle qui pourraient se rapprocher de l’épargne
salariale mise en place dans les grandes entreprises ? Il ne s’agit
pas de substituer un régime par capitalisation au régime actuel par
répartition auquel les français sont tous, et c’est bien normal, très
attachés. Cette épargne salariale pourrait seulement constituer une
diversification qui aurait vocation à rester mineure.
Cette réforme des retraites est importante car l’enjeu est bien de
sauvegarder notre régime de retraite par répartition, signe tangible
de la solidarité nationale. C’est aussi une question de justice
sociale pour garantir aux actuels actifs un niveau de vie qu’ils sont
en droit d’attendre lorsqu’ils cesseront leur activité. C’est enfin
notre responsabilité vis à vis des générations futures à qui nous
devons apporter une réponse au financement de leurs retraites.
Solidarité, justice et responsabilité sont les trois principes qui
doivent guider l’action des élus de la nation.