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Retraites : le sceau de l’infamie

"Yesterday, December 7, 1941 - a date which will live in infamy - the United States of America was suddenly and deliberately attacked by naval and air forces of the Empire of Japan."

"Hier, 7 décembre 1941- une date qui restera marquée du sceau de l’infamie- les USA ont été soudainement et délibérément attaqués par les forces aériennes de l’Empire du Japon".

Ainsi parla le Président Franklin Delano Roosevelt au peuple américain lors de l’entrée en guerre des USA en 1941.

"Avant hier, mercredi 26 mai 2010 - une date qui restera marquée du sceau de l’infamie- les salariés du privé de France ont été délibérément trahis et humiliés par le gouvernement français lorsque le Ministre Eric Woerth a confessé publiquement que, dans la réforme des retraites en cours, on ne toucherait pas aux régimes spéciaux. Cette inqualifiable agression de la part d’un Ministre faisant partie d’un Gouvernement issu d’élections où il avait été promis aux français de remettre privé, public et régimes spéciaux à égalité lors de la réforme des retraites nous montre que, nonobstant la rupture promise, les promesses n’engagent toujours que ceux qui les reçoivent. Cette déclaration de guerre à l’ensemble du salariat du privé de France s’est faite sous le silence total de l’opposition de gauche (du PS au NPA) et des syndicats".

Ainsi pourrait être résumée la décision du gouvernement d’épargner les régimes spéciaux dans la réforme des retraites afin d’éviter un conflit dur à la SNCF, EDF ou à la RATP.

Si les politiques ont approuvé, à droite, ou se sont tus par clientélisme, à gauche, les réactions sur les différents sites web des internautes ne laissent pas de place au doute : les français sont révoltés et on imagine facilement que certains d’entre eux ont déchiré leur carte d’électeur avant de la jeter dans la corbeille située sous leur desserte informatique. A juste titre d’ailleurs.

Les régimes spéciaux...Où comment maintenir des privilèges dignes de l’ancien régime, c’est à dire ante 4 août 1789 en 2010...

On nous répondra qu’ils ont été réformés en 2007... Faux, les capitulations en série faîtes alors par le Gouvernement ont coûté plus cher aux contribuables que ce que ces régimes coûtaient avant la réforme. Pourtant ils coûtaient déjà très cher. Pour la seule SNCF, le déficit annuel de la caisse de retraite était en 1995, lorsqu’Alain Juppé capitula en rase campagne, de plus de 13 milliards de Francs par an (environ 2 milliards d’euros). Aujourd’hui, le déficit annuel de cette même caisse de retraite de la SNCF frôle les 3 milliards d’euros par an pour assurer les retraites de 337 000 personnes. Ainsi, 0.005% de la population française coûte chaque année à la collectivité l’équivalent...d’un porte-avions Charles de Gaulle. Aberrant et scandaleux.

La déconnection entre les syndicats de cheminots et " la France d’en bas" apparut d’ailleurs aux yeux de tous quand on entendit ce même "jour marqué du sceau de l’infamie" le patron de la CGT cheminots, Didier Le Reste, se plaindre sur RTL de sa retraite de...2300€ nets par mois pour...34 ans de cotisations. A titre indicatif, la retraite moyenne en France est, tout comme le salaire moyen, d’environ 1500 € nets et, en ce qui concerne les retraites, personne ne touche 2300€ nets pour 34 années de cotisations, n’en déplaise à Didier Le Reste qui, c’est vrai, occupait l’emploi hautement qualifié de contrôleur pour toucher cette retraite.

Enfin, et pour en finir avec le régime spécial des cheminots, chaque cheminot retraité coûte à la collectivité près de 9000 € par an ce qui relève pour les finances publiques du panier sans fond et pour les contribuables d’un véritable délit de proxénétisme aggravé.

Un autre régime spécial serait lui aussi à modifier d’urgence mais les politiques n’en ont aucune envie, il s’agit du régime de retraites des parlementaires.

Pour les Députés, un mandat de 5 ans donne droit à 1548€ par mois de retraite ( l’équivalent d’une retraite moyenne pour...40 et quelques années de cotisations), 3096€ pour deux mandats et ainsi de suite, le tout étant plafonné à 4 mandats, c’est à dire 20 ans de cotisations, donnant droit à une retraite de...6192€. Les politiques ne s’arrêtent pas là, la France en faillite pour citer François Fillon étant généreuse, puisqu’ils peuvent cumuler les retraites de tous leurs mandats.Ainsi Jacques Chirac perçoit pour l’ensemble de ses mandats 18 800 € de retraites, au pluriel, par mois, Valéry Giscard d’Estaing 17000€, Jacques Delors 14000€ etc...

Les salariés du privé étant obligés d’être présents sur leur lieu de travail, contrairement aux parlementaires, n’ont pas, eux, la chance de pouvoir cumuler les emplois pour pouvoir ensuite cumuler les retraites. Une fois de plus tant pis pour eux.

On comprend mieux le silence total de la classe politique sur ce sujet qui est un peu gênant à aborder pour elle. le silence de la gauche est d’ailleurs très pesant, la gauche se voulant la championne de la lutte contre les inégalités sociales. Mais peut-être n’est on jamais si bien servi que par soi-même.

Bref, une fois de plus en refusant de toucher aux régimes spéciaux, un gouvernement de droite poignarde dans le dos un de ses bastions électoraux pour faire plaisir à ses adversaires et pour acheter la paix sociale. La facture risque d’être salée en 2012 pour Nicolas Sarkozy comme elle le fût pour Edouard Balladur en 1995 après que celui-ci eut également poignardé dans le dos pendant l’été 1993 les salariés du privé en augmentant leur durée de cotisations avec, déjà, le silence complice et coupable de la gauche et des syndicats.

Lénine disait : "Prolétaires de tous les pays, unissez vous".
Aujourd’hui, en France, il faudrait qu’un homme se lève et dise : "Salariés du privé, unissons nous".

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